Centre d'Étude du Futur

Articles de réflexion

Bonjour ! On se retrouve une fois de plus ! Nous, les patients navetteurs. Nous, qui attendons sans trépigner la venue de notre bus.

■ Bonjour à vous aussi ! Et, comment allez-vous ?

Dans l'ensemble, tout va plutôt bien. Sauf que je suis aujourd'hui quelque peu ... perplexe ! Cela parce que les élections approchent, et que je ne sais absolument pas pour qui je vais voter.

■ Faites donc comme moi ! Voilà des années que je dépose, dans l'urne prévue à cet effet, des bulletins électoraux totalement vierges, voire que je griffonne sur ces papiers quelque remarque cinglante. Quoique, selon mon humeur, il m'est aussi arrivé de rester chez moi le jour du scrutin.

Mais, voter est un devoir citoyen ! Parce qu'il y a des gens qui sont morts pour cela, qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre dans une démocratie comme la nôtre ! 

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Envisager l’avenir de notre humanité dans le contexte NBIC.[1] 

D’une simple proposition, je plonge dans un abîme de réflexions.    

NBIC, quatre lettres pour signifier que la convergence des sciences permettra à l’homme augmenté de survivre dans le monde de demain.

Bienvenue dans ce futur dystopique (dystopique[2] : récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contrainte de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre).

Pour les chantres du transhumanisme, l’humain est déficient physique et mental, mortel, faible, pensant trop par lui-même, devenu quasi ingérable et se détournant par trop des hochets mis à sa disposition par tous les moyens. Le « panem et circenses » a dû s’adapter aux évolutions technologiques pour permettre au plus grand nombre de continuer à accéder à ce monde virtuel.

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« Il en sera comme d'un homme qui, avant de partir en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit en voyage. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents partit, les fit valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un trou dans la terre et cacha l'argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s'approcha, en apportant cinq autres talents et dit : Maître tu m'as confié cinq talents ; en voici cinq autres que j'ai gagnés. Son maître lui dit : C'est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s'approcha aussi et dit : Maître, tu m'as confié deux talents ; en voici deux autres que j'ai gagné. 

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Et si le christianisme qui nous annonce, après la mort physique, une vie éternelle de l’âme et du corps, n’était-il pas le plus pur des transhumanismes ? L’homme est appelé à vivre pour toujours : tel n’est-il pas l’enseignement du Christ et des évangiles ?

Yohan Picquart qui signe, en septembre 2023, « Comprendre et penser le transhumanisme quand on est chrétien » est un jeune journaliste, dans la trentaine, qui a déjà à son actif une vingtaine d’ouvrages, consacrés aux questions spirituelles. Généralement rédigés en collaboration, ces publications sont, en grande majorité publiées aux Éditions Saint-Léger. Diplômé en sciences des religions et en littérature, il réside dans le Nord de la France où il enseigne. Voilà tout ce que l’on sait sur lui. C’est donc sa production qui nous le révèle.

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Envisager l’avenir de notre humanité dans le contexte NBIC.[1] 

D’une simple proposition, je plonge dans un abîme de réflexions.    

NBIC, quatre lettres pour signifier que la convergence des sciences permettra à l’homme augmenté de survivre dans le monde de demain.

Bienvenue dans ce futur dystopique (dystopique[2] : récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contrainte de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre).

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« La génération précédente s'illusionnait déjà en associant sans justification le progrès mécanique au progrès moral. Mais nos contemporains, qui ont pourtant de bonnes raisons de rejeter la présomption victorienne selon laquelle la maîtrise de la machine améliorerait toute création humaine, ne s'acharnent pas moins, avec une ferveur maniaque, à développer sans fin la science et les techniques.

Doté de cette nouvelle « mégatechnique », la minorité dominante mettra en place une structure supra-planétaire uniforme, englobant tout, conçue pour fonctionner de manière automatique. L'homme n'agira plus de façon autonome, il deviendra un animal passif, sans but, conditionné par la machine.

Le monde des affaires était singulièrement imprégné par le principe de gratification. Mais ce qui était propre à l'économie capitaliste, c'est que la récompense immédiate se présentait sous la forme abstraite de l'argent, et que son partage avec le travailleur et le consommateur était repoussé jusqu'à ce qu'actionnaires et dirigeants obtiennent entière satisfaction – or, il n'y avait en principe aucune limite à leur exigence d'un profit toujours plus élevé. Dans la téléologie de l'entreprise commerciale, le profit constituait le but ultime de l'existence.

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Vers le milieu des années 1960, la télévision nous offrait une série familiale américaine intitulée « Cher oncle Bill ». Dans cette naïve oeuvre de fiction, on découvrait un quadragénaire bousculé dans son célibat, car recueillant ses neveu et nièces. Ceux-ci, venaient de perdre leurs deux parents, brutalement décédés dans un accident d'automobile.

Parmi ce trio d'orphelins adoptés de la sorte, les deux plus jeunes plongeaient régulièrement dans l'embarras leur oncle Bill ; lequel, patiemment, s'efforçait alors de raisonner cette petite fille et ce petit garçon, pour en faire un jour des adultes responsables.

Ce ne serait pas impossible que Bill Gates, dans son insouciante jeunesse, se soit entiché de pareil feuilleton. Et - qui sait !? - qu'il en aurait conservé un souvenir édifiant.

Ce qui s'avère absolument certain par contre, c'est que le fondateur de la société Microsoft considère ses contemporains comme autant de simplets qu'il convient d'éclairer. Aussi, ce nouvel « oncle Bill » nous fait la leçon, mais de manière moins charmante que le supposé modèle.

En réalité, tout comme son comparse Klaus Schwab (« Vous serez plus pauvres, mais plus heureux ! ») il s'efforce de nous vendre leur projet commun : un monde « enfin mature ». Soit ce moment où l'humanité - technologiquement reconstruite, égarée dans le virtuel, abondamment vaccinée, sous surveillance constante - se nourrirait de steaks produits en laboratoire, de fruits et légumes transgéniques, de repas composés d'algues et d'insectes... Bref, le paradis.

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            « On a longtemps expliqué le renoncement et la soumission qui caractérisent la vie moderne par les contingences de la « nature humaine ». Au bout du compte, le mythe de notre existence pré-civilisée, prétendument faite de privations, de brutalité et d'ignorance a fini par faire apparaître l'autorité comme un bienfait qui nous a sauvé de la sauvagerie...

On admet désormais que, avant la domestication – avant l'invention de l'agriculture -, l'existence humaine se passait essentiellement en loisirs, qu'elle reposait sur une intimité avec la nature, sur une sagesse sensuelle, source d'égalité entre les sexes et de bonne santé corporelle...

Le riche environnement habité par les humains avant la domestication et l'agriculture a aujourd'hui presque disparu. Pour les rares chasseurs-cueilleurs survivant aujourd'hui, il ne reste que les terres les plus marginales, les lieux isolés non encore revendiqués par l'agriculture et les villes tentaculaires. En outre, ces rares chasseurs-cueilleurs qui parviennent encore à échapper aux pressions énormes de la civilisation, visant à les transformer en esclaves (c'est-à-dire en paysans, en sujets politiques, en salariés) ont tous été influencés par les contacts avec des peuples extérieurs...

La domination au sein d'une société n'est pas sans lien avec la domination de la nature. En revanche, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, il n'existe aucune hiérarchie entre l'espèce humaine et les autres espèces animales, de même que les relations qui unissent les chasseurs-cueilleurs sont non hiérarchiques. Fait caractéristique, les non-domestiqués considèrent les animaux qu'ils chassent comme des égaux, et ce type de relation fondamentalement égalitaire a duré jusqu'à l'avènement de la domestication...

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Bonjour ! Il y a longtemps que l'on ne s'est vus ! La dernière fois, nous attendions tous deux la venue d'un bus, en échangeant des propos sous la pluie.

■ Effectivement ! Sauf que maintenant nous profitons de cet abri ainsi que d'un banc, comme vous pouvez le constater.

Oui et, en attendant que mon bus arrive, je vais m'asseoir à côté de vous. Ceci en espérant ne pas trop vous importuner. Car je vois que vous tenez un livre à la main.

■ Vous ne me dérangez nullement ! D'abord parce que notre conversation précédente avait été des plus amicales, bien que nos opinions m'aient semblé s'opposer sur bien des points. Ensuite, je dois avouer que la lecture de cet ouvrage m'exaspère de plus en plus. Les livres écrits par Klaus Schwab, réclament en effet une grande patience...

Encore lui ! Décidément, ce bonhomme vous obsède !

■ Disons plutôt qu'il m'inquiète ! Et son dernier écrit, lui aussi réalisé avec la collaboration de Thierry Malleret, ne peut guère me rassurer.

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« La crise mondiale déclenchée par la pandémie de coronavirus n'a pas d'équivalent dans l'histoire moderne ...

Des millions d'entreprises risquent de disparaître et de nombreuses industries sont confrontées à un avenir incertain ; seules quelques-une prospéreront. Sur le plan individuel, pour beaucoup, la vie telle qu'ils l'ont toujours connue vacille à une vitesse alarmante ...

Un monde nouveau va émerger, et il nous faut à la fois en imaginer et en dessiner les contours.

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    A priori discret, car inconnu du grand public durant des décennies, Klaus Schwab sort de ce quasi anonymat en 2016. Cette année-là voit la parution de son premier ouvrage : La Quatrième Révolution Industrielle.
Dans ce livre, notre homme fait montre d'une grande prudence. Il sollicite par moment la réflexion du lecteur, semble peser le pour et le contre, ne cherche apparemment pas à convaincre. Néanmoins, parmi ces pages, certaines phrases laissent poindre une idéologie bien présente. Mais, jugeons-en plutôt :

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Introduction

Le transhumanisme se base sur l’évolution des sciences et des techniques pour dessiner ce qui serait un nouvel avenir pour l’homme. Il s’agirait d’une accélération de l’évolution qui consisterait à créer une nouvelle humanité dont les facultés seraient décuplées, voire de créer des êtres robotisés dotés de telles facultés.

La première question est de savoir quelle conception de l’homme inspire l’ambition du transhumanisme. Cette ambition tranche-t-elle avec l’évolution des idées depuis l’avènement de la Modernité ? Représente-t-elle au contraire un accomplissement du projet de la Modernité ? C’est la deuxième question. Peut-on envisager un autre avenir pour l’homme que dessinerait un renouveau de la Modernité ? C’est la troisième question que nous nous poserons.

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« Les mass médias sont contrôlés par de grandes organisations intégrées au système. Quiconque a un peu d'argent peut faire imprimer un texte, le diffuser sur Internet ou ailleurs, mais ce qu'il veut dire sera submergé par la quantité des informations véhiculées par les médias, et n'aura donc aucun effet pratique.
Il est impossible que les écrits émanant d'individus et de groupes restreints aient une quelconque influence sur la société. Prenons notre cas : si nous avions transmis le présent texte à un éditeur, sans avoir commis d'actes de violence, il n'aurait probablement jamais été accepté. Et s'il avait été accepté et publié, il n'aurait probablement pas attiré beaucoup de lecteurs, parce qu'il est plus amusant de regarder les divertissements distillés par les médias que de lire un essai sérieux. Et même si ce texte avait eu beaucoup de lecteurs, la plupart d'entre eux l'auraient rapidement oublié, car les esprits sont submergés par la masse d'informations publiées par les médias.

Pour que notre message ait quelque chance d'avoir un effet durable, nous avons été obligé de tuer des gens. »

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Qui suis-je pour avoir le droit de signer un article « Contre les robots » ? Doté depuis fort longtemps d’une paire de lunettes pour la lecture qui pendent à mon cou ; armé plus récemment de deux implants dentaires, un pour le haut et un pour le bas ; équipé depuis peu de deux aides auditives, une pour la droite et une pour la gauche ; alors qu’il est question de me placer une nouvelle hanche gauche, la mienne commençant à être défaillante et m’obligeant à de multiples exercices journaliers pour garder la forme le plus longtemps possible avant une éventuelle opération, dont j’espère pouvoir reporter l’échéance le plus longtemps possible… Oui, qui suis-je pour avoir le droit de signer un article « Contre les robots », moi qui me « robotise » toujours un peu plus ??? Et qui accepte d’être « robotisé » pour faire face aux multiples défaillances physiques dont je suis victime vu mon âge avancé (84 ans, début janvier 2022). Sans parler des défaillances psychiques qui se profilent déjà à l’horizon, laissant présager une maladie d’Alzheimer, contre laquelle j’ai commencé à me prémunir... Puisque l’euthanasie n’est pas encore vraiment entrée dans les mœurs, n’est-on pas obligé de « tenir le coup » en accueillant, même si c’est à contrecœur, les solutions auxquelles le transhumanisme ouvre une voie qui se veut presque « royale ». Homme augmenté ? Quant à moi, sûrement pas. Homme réparé ? Pas vraiment non plus. Plutôt Homme « rafistolé » …

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C'est incroyable ! Voilà vingt minutes que nous poireautons, sous la pluie, en espérant qu'un bus veuille bien nous charger. Moi, j'attends le 35 ; et vous ?

■ Je voyage sur la ligne 42. Et, je ne vois rien venir non plus. Mais, avec une telle circulation, il est normal que les bus prennent du retard...

Non, Monsieur ! Le problème vient de ce que les gens ne veulent plus travailler ! Aujourd'hui, tout le monde veut de l'argent sans rien faire. Et on ne trouve plus personne pour conduire les bus. Rester chez soi, tout en touchant ses allocations de chômage, est moins fatiguant que de faire le chauffeur !

■ Je vous trouve bien sévère...

C'est comme ça aujourd'hui. Par contre, de mon temps, on savait ce que travailler veut dire !

■ Là, vous m'étonnez. Car si l'on considère les statistiques, la productivité du travailleur moyen a considérablement augmenté au cours de ces trente dernières années.

Parce que maintenant, il y a des machines qui font tout le travail !

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En ces temps très particuliers de grands bouleversements internationaux culturels et civilisationnels, nous avons à faire preuve de prudence, nous, chrétiens, fermement attachés aux « Trois Blancheurs » décrites par saint Jean Bosco dans un rêve d’une profondeur théologique remarquable. L’Eucharistie, la Vierge Marie et le Pape demeurent pour nous les ancres fermes auxquelles nous pouvons fixer la barque de nos vies. Ainsi, fermement attachés à la foi transmise par les apôtres et explicitée en formulations dogmatiques par les différents Conciles au cours de l’Histoire de l’Église, en ce compris l’Infaillibilité pontificale, nous serons à même de discerner les dérives étranges de notre temps. Il s’agit bien de s’amarrer aux définitions précises des Conciles et non à leurs interprétations abusives ou excessives, comme cela a pu apparaître dans certaines circonstances au cours de l’Histoire. Le dogme de l’Infaillibilité pontificale ne fait pas exception et il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler la véritable teneur.

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« L'âge de notre gentilhomme approchait de cinquante ans. Il était vigoureux, robuste, d'un corps sec, d'un visage maigre, très matinal et grand chasseur...

 Lorsque notre gentilhomme était oisif, c'est-à-dire les trois quarts de la journée, il s'appliquait à la lecture des livres de chevalerie avec tant de goût, de plaisir qu'il en oublia la chasse et l'administration de son bien. Cette passion devint si forte, qu'il vendit plusieurs morceaux de terre pour se former une bibliothèque de ces livres...

 Cette continuelle lecture et le défaut de sommeil lui desséchèrent la cervelle : il perdit le jugement. Sa pauvre tête n'était plus remplie que d'enchantements, de batailles, de cartels, d'amours, de tourments, et de toutes les folies qu'il avait vues dans ces livres...

 Bientôt il lui vint dans l'esprit l'idée la plus étrange que jamais on ait conçue. Il s'imagina que rien ne serait plus beau, plus honorable pour lui, plus utile à sa patrie que de ressusciter la chevalerie errante, en allant lui-même à cheval, armé comme les paladins, cherchant les aventures, redressant les torts, réparant les injustices...

 Enfin, il se nomma don Quichotte... Il voulut aussi s'appeler « don Quichotte de la Manche », pour faire participer son pays à la gloire qu'il acquerrait... »

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Au terme des différents articles précédemment publiés sur les auteurs aux sources du Transhumanisme[1], auteurs auxquels se réfèrent les transhumanistes rencontrés personnellement sur le terrain, on ne peut que constater combien ce parcours historique éclaire d’une lumière toute autre cette idéologie qui, au départ, pouvait nous sembler en rupture radicale avec tout ce qui la précède. En  réalité, nous sommes en mesure de comprendre maintenant combien elle ne recèle rien de fondamentalement neuf dans l’histoire de la pensée occidentale, mais s’inscrit au contraire au centre même de l’imaginaire et du projet de l’homme Moderne. Il apparaît clairement que ce que nous considérions comme une nouveauté radicale, dans l’histoire de l’Humanité, n’est en définitive qu’un « lieu commun » pour la pensée de l’Occident depuis la Renaissance. Car, tout semble déjà présent dans l’œuvre de fiction de Francis Bacon, La Nouvelle Atlantide où il était question de maîtrise de la nature et de modification des espèces par l’acte scientifico-technique de l’homme, sur fond d’auto-détermination de son propre devenir (Pic de la Mirandole). Ainsi, le transhumanisme n’est que le développement progressif d’un imaginaire fictionnel dont le geste premier fut celui de l’émancipation du théocentrisme médiéval par l’œuvre de Pic de la Mirandole. Ce geste fut celui de l’avènement de la dignité humaine qui caractérisa l’Humanisme renaissant. Aussi, à partir de Bacon, chaque auteur apportera sa pierre à l’édifice qui formera le

 

Transhumanisme contemporain.

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C’est dans le cadre de la seconde Guerre Mondiale et de l’étude de l’amélioration de la défense antiaérienne contre la force allemande en matière d’aéronautique que Norbert Wiener s’intéressa à la mathématique des trajectoires prédictives des appareils de tirs et à la notion de rétroaction comme système autorégulateur[1]. Il était question d’informations à émettre et à recevoir, de communication nécessitant une théorie statistique de la quantité d’information[2]. Cette dernière notion se rattachait nécessairement à celle d’entropie puisque,

« tout comme la quantité d’information dans un système est la mesure de son degré d’organisation, l’entropie d’un système est la mesure de son degré de désorganisation ; l’un est simplement le négatif de l’autre. »[3]

Initiant une interdisciplinarité entre les sciences de la machine et du vivant[4], ces deux domaines faisant appel à un système de communication de l’information et de rétroaction ainsi qu’à la mécanique statistique, Norbert Wiener fonda en 1947, avec le Dr. Arturo Rosenblueth[5], la Cybernétique (χυβερνήτης ou pilote) dont le but était, selon ses propres termes,

« de développer un langage et des techniques qui nous permettent effectivement de nous attaquer au problème de la régulation des communications en général… (et de lutter) contre la tendance de la nature à détériorer l’ordonné et à détruire le compréhensible ; la tendance (…) de l’entropie à s’accroître. »[6]

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–    Et le Christ ?

–    C'est un anarchiste qui a réussi.

                 André Malraux (L'espoir)

         ... si l'on peut en croire les Évangiles, cet anarchiste était un criminel politique...    

                Friedrich Nietzsche (L’Antéchrist)

             Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne.

Il convint avec eux d'un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d'autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il leur dit : « Allez aussi à ma vigne et je vous donnerai ce qui sera raisonnable ». Et ils y allèrent.

Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième heure, et il fit de même.

Étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient sur la place, et il leur dit : « Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire ? ». Ils lui répondirent : « C'est que personne ne nous a loué ». « Allez aussi à ma vigne », leur dit-il.

Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Appelle les ouvriers et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers ».

Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage, mais ils reçurent aussi chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison, et dirent : « Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites à l'égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur ».

Il répondit à l'un d'eux : « Mon ami, je ne te fais pas tort ; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux ? ».

Ainsi, les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.

                                                                                                                      (Mathieu 20, 1-16)  

            Parmi toutes les paroles de Jésus, celles-ci présentent une indéniable tournure contestataire. Et, demandent quelques explications...

A cette époque lointaine, il faut savoir que la société s'appuyait sur une économie de type agraire. Or, nous voyons des ouvriers agricoles engagés dès l'aube, d'autres mis au labeur vers neuf heures du matin (troisième heure), midi (sixième heure) ou le milieu de l'après-midi (neuvième heure). Et des gens qui commencent seulement à travailler juste avant le coucher du soleil (onzième heure). Ceux-ci, ne besogneront donc que soixante minutes environ. Ils n'auront ni peiné durant une longue journée, ni subi la chaleur écrasante qui sévit dans cette région du Proche-Orient. Pourtant, premiers arrivés et derniers venus reçoivent salaire égal. Par conséquent, les journaliers de la onzième heure ne se voient nullement sanctionnés malgré leurs efforts tardifs.

En réalité, on ne punit pas ces « laissés pour compte ». Simplement parce qu'ils n'ont pu se mettre à la tâche en même temps que les autres. Et, ces travailleurs obtiennent alors la rétribution nécessaire à leur subsistance.

De toute évidence, ce passage des Évangiles incarne avec bonheur le fameux précepte anarchiste : De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.

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Il existe des écrits que le temps n'efface pas. Ainsi, les quelques lignes ci-dessous, qui interpellent avec force ; et ce, depuis près de 500 ans !

... Chose vraiment surprenante, c'est de voir des millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée à un joug déplorable, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés... N'est-ce pas honteux, de voir un nombre infini d'hommes, non seulement obéir, mais ramper ?...

... Ce sont donc les peuples qui se laissent, ou plutôt se font, garrotter. Puisqu'en refusant seulement de servir, ils briseraient leurs liens. C'est le peuple qui s'assujettit et se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d'être sujet ou d'être libre, repousse la liberté et prend le joug, qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse... La liberté, ces hommes la dédaignent, uniquement ce me semble, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient ; comme s'ils se refusaient à faire cette précieuse conquête, parce qu'elle est trop aisée... Soyez donc résolus à ne plus servir, et vous serez libre...

... La nature... nous a tous créés de même et coulés en quelque sorte au même moule, pour nous montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt tous frères... En faisant ainsi les parts aux uns plus grandes, aux autres plus petites, elle a voulu faire naître en eux l'affection fraternelle et les mettre à même de la pratiquer ; les uns ayant puissance de porter secours et les autres besoin d'en recevoir... Dans le partage qu'elle nous a fait de ses dons, elle a prodigué quelques avantages de corps et d'esprit, aux uns plutôt qu'aux autres, ... pour nous aborder et fraterniser ensemble, et par la communication et l'échange de nos pensées nous amener à la communauté d'idées et de volontés...

... Que dire encore ? Que la liberté est naturelle et, qu'à mon avis, nous naissons avec notre liberté, mais aussi avec la volonté de la défendre...

... Pour que les hommes... se laissent assujettir, il faut de deux choses l'une : ou qu'ils soient contraints ou qu'ils soient abusés... Abusés, ils perdent aussi leur liberté ; mais c'est alors moins souvent par la séduction d'autrui que par leur propre aveuglement...

... Il est dans la nature de l'homme d'être libre, et de vouloir l'être, mais il prend très facilement un autre pli, lorsque l'éducation le lui donne... Ainsi, la première raison de la servitude volontaire est l'habitude...

... Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce, étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie. Ce système, cette pratique, ces allèchements étaient les moyens qu'employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets dans la servitude. Ainsi les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passe-temps, amusés d'un vain plaisir qui les éblouissaient, s'habituaient à servir...

... Enfin, il se trouve un aussi grand nombre de ceux auxquels la tyrannie est profitable que de ceux auxquels la liberté serait utile... Dès qu'un roi s'est déclaré tyran, s'en vient tout le mauvais, toute la lie du royaume ... Ceux qui sont possédés d'une ardente ambition ou d'une notable avarice, se groupent autour de lui, le soutiennent pour avoir part au butin, et être... autant de petits tyranneaux... C'est ainsi que le tyran asservit les sujets : les uns par les autres...

... L'amitié... c'est une chose sainte : elle ne peut exister qu'entre gens de bien... Ce qui rend un ami assuré de l'autre, c'est la connaissance de son intégrité... Il ne peut y avoir d'amitié où se trouvent la cruauté, la déloyauté, l'injustice... Entre méchants, lorsqu'ils s'assemblent, c'est un complot et non une société. Ils ne s'entretiennent pas, mais s’entre craignent. Ils ne sont pas amis mais complices...

Ces extraits – traduits en français moderne - proviennent du « Discours de la servitude volontaire », rédigé par Étienne de la Boétie, en l'an 1550. Un texte petit par la taille (une quinzaine de pages) mais dont le contenu, siècle après siècle, a conservé toute sa tonique pertinence. De fait, qui interroge notre présent souscrit sans réserve à cette lucidité de combat, à cet épaulement offert par une époque lointaine.  Un cadeau donc, parvenu jusqu'à nous ; lequel encourage à parcourir ce chemin qui mène à tous les affranchissements...

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           C'est une histoire qui s'articule grâce à l'action de quelques personnages. Soit une épouse, son mari, son amant. Interviennent encore, un passeur sur sa barge et, un fou, dangereux car nanti d'un passé criminel.

Quant au décor, sommaire, il se compose de deux maisons, localisées de part et d'autre d'une large rivière, ainsi que d'un pont reliant les deux rives.

            Un matin, l'épouse décide de rejoindre son amant qui se trouve dans la demeure située de l'autre côté du fleuve. Elle sort du domicile conjugal, tout en n'ignorant pas que rôde dans les parages un dément capable de tuer. Et, son conjoint le sait aussi.

Après un trajet sans encombre, la dame en question se voit chaleureusement accueillie par son amant; lequel l'introduit chez lui, referme la porte. Et l'on devine ensuite que le couple ne se trouve pas là pour jouer aux cartes...

Au bout d'un moment, après les folâtreries d'usage, l'épouse décide d'un retour au foyer. Et son amant la laisse partir, seule, malgré ce danger que tous connaissent.

Les choses alors se gâtent...

            Comme d'habitude, la jeune femme emprunte cette route menant au pont. Mais, arrivée là, le fou en barre l'accès, se montre menaçant. Affolée, elle rebrousse chemin, s'enfuit en courant. Et, comme il lui faut à tout prix traverser l'eau, le recours au passeur semble à présent solution adéquate.

Elle hèle aussitôt l'homme à la barge, puis décrit sa situation périlleuse. Hélas, malgré nombre de supplications larmoyantes, celui-ci refuse de se rapprocher du rivage pour la prendre à son bord. En réalité, il veut bien apporter son aide, mais exige en retour une forte somme d'argent.

Parce que le temps presse et que son mari ne doit pas nourrir de soupçons, l'épouse décide, en désespoir de cause, de traverser le pont. C'est à cet endroit que le forcené la tue.

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D’où vient l’humain et où va-t-il ? Quand on veut savoir où l’on va, il est nécessaire de regarder d’où l’on vient. D’où vient l’humain et où va-t-il ? En tant que membre du Centre d’étude du futur (CEF), je me suis plu à me documenter sur la question du devenir et de l’avenir de l’homme dans notre monde de plus en plus technologisé. Inspiré par la lecture d’un roman d’anticipation Le Presqu’homme, roman des temps futurs, j’ai commencé mon enquête en partant des statuts animal/humain pour en arriver aux statuts transhumain, hyperhumain et posthumain. Ce panorama touche aussi bien à la protection de l’animal qu’à la robotisation qui risque de mettre en péril l’avenir de notre humanité.

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AVENTURES DE CHASSE  D’HIER ET D’AUJOURD’HUI : DE GUILLERI  A  K.U.33

 SUIVI DE CARTES POSTALES, SOUVENIRS. ET REFLEXIONS

        1 §  Compère Guilleri (Toto Carabo) ou comment un gentilhomme devenu brigand finit en chanson.

Oyez, bonnes gens, ce qui arriva à ce gentilhomme devenu brigand à l’esprit chevaleresque. Après avoir livré bataille au service du bon Roy Henri IV, Guilleri se retrouva vagabondant par les grands chemins des villages et de la chasse. Lorsqu’un fâcheux accident le cloua au sol. Malheur ! La branche sur laquelle il était monté “ pour voir ses chiens courir » se rompit. Dans cette chute fatale, « il se cassa la jambe et son bras se démit ». Gisant blessé sur le sol, il attendit longtemps du secours…

Par chance, “les dames de l’hôpital “le découvrirent, « bandèrent sa jambe », lui « remirent son bras » et prirent soin de lui avec beaucoup d’habileté.

Jamais avare de galanteries, pour les remercier, Compère Guilleri « les embrassit » .Et choisit l’une d’entre elles pour être l’élue de son cœur .Et désormais fonda une famille  et  s’assagit.

Son aventure devenue légendaire mise en chanson « Titi carabi, Toto carabo », arriva de la Bretagne jusqu’à Paris, portant malicieusement cette leçon qui proclame :

« Ça prouve que par les femmes, l’homme est toujours guéri. Carabi ! »

Entonné hier encore lors des rondes enfantines des cours de récréation, cet air est aujourd’hui tombé dans l’oubli …et sa leçon aussi !

Ainsi disparaissent peu à peu ces vestiges de la tradition populaire qui accompagnaient la grande histoire, et qui n’intéressent plus grand monde dans nos « sociétés oublieuses ».

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                                                      Pièges

           

            Pauvres de nous les « chiens-de-charrette! Voilà bien une expression populaire qui n'a plus cours. Pourtant, celle-ci fut en vogue durant de longues années.

Elle signifiait que l'on avait à subir une épreuve. Mais, les mots suscitaient des sourires entendus: avant tout, il s'agissait d'une plaisanterie. Seuls, les vieux ouvriers ne riaient guère. Eux avaient connu cette époque où régnaient des conditions d'existence très dures. Et, en ce temps-là, le sort des humbles approchait celui des bêtes.

 

            Une charrette se tractait avec l'homme entre les brancards, et un ou deux chiens sanglés au garrot. Les petits légumiers, laitiers, charbonniers, chiffonniers, ... ne pouvaient s'offrir les services du cheval. Le chien par contre, s'achetait pour un prix moindre, mangeait n'importe quoi, dormait à même le sol. Son aide s'avérait précieuse quand on exerçait le métier d'ambulant.

L'homme et l'animal peinaient de concert, aux seules fins de transporter un modeste mais pesant négoce. Car on chargeait au maximum, évitant ainsi d'inutiles voyages en réapprovisionnement. L'équipage avançait donc avec difficulté, dans un tintamarre d'enfer. Les roues cerclées de métal se mouvaient sur des pavés inégaux, parmi des rues défoncées, escarpées, interminables.

Longues aussi étaient les journées, et le parcours devenait plus pénible encore quand survenaient le gel ou la canicule. Tant d'efforts cependant, ne procuraient que peu de profit. Lorsque des pauvres ont d'autres miséreux comme clients, ils peuvent tout au plus assurer leur survie.

 

            L'évolution scientifique et sociale, transforma la charrette en élément de notre folklore. Un camion, une camionnette se montraient des outils autrement performants, beaucoup plus rentables. En outre, le petit commerce péréclita, au bénéfice des magasins. Il y eut bien quelques irréductibles de la « carriole-à-chien » qui s'obstinèrent. Mais, les amis des animaux protestèrent vigoureusement. A leur demande, une loi fut votée. Les attelages canins devinrent prohibés.

Disparurent de nos villes, ces chiens haletants, épuisés qui, parfois, agonisaient dans le caniveau sous les yeux des passants.

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Srî Aurobindo ou le « Posthumanisme Supramental »

 

Le grand mérite du Transhumanisme est de forcer l’Homme à s’interroger, à frais nouveaux, sur sa nature, sa destinée, et sa responsabilité dans son devenir. Il avait cru, jusqu’à présent, pouvoir définitivement se ranger dans la catégorie des « êtres de finitude », sans s’interroger sur l’instance qui, en lui, le définit ainsi et l’enchaîne aux limites spatio-temporelles de la matière et de la raison pure, quand elle ne l’identifie pas simplement à un animal politique, à peine plus évolué que son cousin, le grand singe. Mais voici que le Transhumanisme, à la faveur du progrès technologique et de la révolution NBIC, reconduit l’esprit de l’homme à ses attentes les plus folles et ses espérances les plus anciennes, comme celle de se faire l’égal de Dieu ou celle d’une éternité corporelle possible, comme dans l’épopée de Gilgamesh ou dans le dogme chrétien de la Résurrection de la chair. Tendu asymptotiquement vers cet Absolu, l’homme n’a eu de cesse, tout au long de son Histoire, de faire « descendre » au sein même la matière cette Idée suprasensible, en des rites et des organisations sociales censés s’ajuster au plus près de cette Intuition première, de nature transcendantale.

Mais qu’est-ce donc cette intuition fondamentale, cette exigence première de la pensée humaine, que ni la raison pure, ni le développement exponentiel de la Science Moderne, n’ont pu éradiquer de l’esprit de l’homme ? Nul ne le sait. Et nul ne le prend réellement au sérieux, si ce n’est pour le critique et évoquer immédiatement l’hybris grecque. Pourtant, comme le signalait Gilbert Hottois, le processus d’hominisation est traversé par un « vecteur d’abhumanité » qui préside à son déploiement et son évolution. Il se présente comme une dynamique interne à l’Humain qui oriente son devenir vers une « sortie » de sa finitude, en direction d’une Humanité « plus qu’humaine », un « trans-humain », un « post-humain ».

C’est en ce sens que le transhumanisme nous oblige à reconsidérer la notion de « finitude » pour notre Humanité et à réintégrer cette Idée folle d’une éternité possible, même pour la Matière. Mais force est de constater qu’il n’est que peu de philosophes en Occident, et même de théologiens pourtant familiers de l’idée de la Résurrection de la Chair, pour prendre au sérieux cette Idée qui pourrait être, en définitive, une authentique révélation de la nature même de la Matière et de sa destinée ultime. Revisiter cette hypothèse fondamentalement chrétienne et la présenter comme l’ultime alternative plausible à la visée transhumaniste, voilà ce qui me semble impératif pour notre temps. Car il est inimaginable que l’Homme reste en l’état dans les siècles et millénaires à venir. Son évolution se poursuivra inéluctablement. Il nous faut donc penser son devenir.

Afin de repenser cette thèse chrétienne, nous allons faire un détour par l’Inde et découvrir un penseur, Srî Aurobindo, qui partage une thèse assez semblable. Ce que l’Occident chrétien n’ose plus penser, enfermé dans le paradigme matérialiste, l’Inde mystique le pressent dans son expérience et sa réflexion spirituelle. Pour le comprendre, il nous faudra d’abord considérer très succinctement les différents yogas de la tradition hindoue dont Aurobindo fera la synthèse. Ensuite, nous présenterons ce que l’auteur appelle l’Être Supramental, et que j’ai nommé « le Posthumain Supramental ». Enfin, nous terminerons par quelques remarques en forme de conclusion.

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De la Postmodernité à la «  Société Liquide »

Avant-propos

Nous présentons ici divers “billets” d'Humeur, où la Colère, le Dépit et la Tristesse peuvent prendre le masque de la farce. De l’Humour aussi. Les virages, sans crier gare d’un plan de réalité à un autre, ordonnés par l’exercice choisi, à savoir de vision «kaléidoscopique », peuvent importuner certains lecteurs attachés à la présentation classique propre aux articles de réflexion. 

Rappelons qu’il s’agit ici simplement  de «  billets » d’Humeur; «Castigat ridendo mores » comme on le lisait sur la toile du Théâtre d’Arlequin.  "C’est par le rire que l’on corrige les mœurs".

Nous y embarquons également des vignettes d’Histoire contemporaine mettant en relief les changements intempestifs qui se succèdent aujourd’hui dans la vie courante et dans les médias et qui ne manquent pas de nous interpeller.

Face à des situations qui varient chaque jour, nous sommes amenés à jongler avec des évènements  d’intérêt tantôt planétaire, tantôt local qui émergent à un moment donné et qui par après,  s’écoulent aussi vite qu’ une vague chasse l’autre à la surface de ce que, il y a peu, l’on appelait «  la Société postmoderne » ou mieux encore, avec Marc Augé, l’ère de la « Sur-modernité ».

Pourquoi ne pas parler plutôt avec le philosophe et sociologue Zygmunt Bauman du passage à la « Société Liquide ».  Vu l’importance croissante des thèses de ce dernier et de leurs prolongements, il nous a paru utile d’y consacrer un article de réflexion.

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Le 11 du 11

Lorsque les hominidés cèdent la place aux humanoïdes[1]

 

J’aime me rappeler que, lorsque j’étais jeune (il y a de cela bien longtemps !), dans chaque ascenseur d’un service public ou d’une grande surface, un homme en livrée était chargé d’accueillir les visiteurs et les clients. Il leur ouvrait les portes de l’ascenseur et les refermait, puis solennellement poussait sur les boutons pour que chacun puisse arriver à bon port. Aujourd’hui, on a déjà testé l’autobus du futur qui se passera de conducteur. Ainsi on est passé d’un monde à un autre. D’un monde où l’homme était nécessaire et fier de l’être, et où chacun avait son rôle à jouer, sa mission à accomplir, à un autre monde où l’objectif est de se passer de l’homme.

En effet, les hominidés que nous sommes sont entrés dans ce qu’on peut appeler une « époque de barbarie autodestructrice ». Sans doute, le pan-terrorisme est-il une tragique manifestation de cette disparition programmée, mais il est loin d’être la seule. D’ailleurs, ce pan-terrorisme ne peut-il pas être analysé comme une sorte de cri d’alarme désespéré dénonçant notre civilisation mercantile, où il n’y a plus d’autre Paradis que les paradis fiscaux !

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Du SAPIENS NOUVEAU  VERS LE DÉMENS FUTUR ?  PREMIÈRE ESCALE

 

Une trop lourde charge d’humeur même habitée d’un humour bien tempéré m’amènant à reléguer aux oubliettes- à titre temporaire, la dure réalité  de l’actualité mondiale….(Air connu :« Dallas ! Ton univers impitoyable-able ») , embarquons  pour une longue croisière  sur le “Présent liquide”  de notre société, telle que la présente  Zygmunt Bauman depuis plus d’une décennie.

 

Et si nous partions à la rencontre d’autres univers paralléles plus” cool”. ?.Faisons escales, par exemple, dans celui de la Bande Dessinée. Où chacun, quels que soient sa couleur, son sexe, ses convictions, a son droit d’entrée de 7 à 77 ans, ou plus  ( si non-valétudinaire ou cacochyme, bien entendu).  Il ne nous en coûtera guère d’y trouver tout simplement matière à enjoliver l’un ou l’autre de ces dramatiques évènements « rouges »(bonnets),  « bleus »( casques)  ou « jaunes ». (gilets) qui ponctuent nos journées, tout en les laissant évoluer au gré des  images   palpitantes qui ont pu nous émouvoir en ces temps-là et qui nous donneront  l’occasion de  développer quelques idées inattendues, en toute liberté d’inspiration..A condition cependant de laisser momentanément vaciller notre paradigme familier d’intelligibilité du réel et de consentir à entrer  dans un monde parallèle, de l’autre côté du miroir d’Alice- pour dire les choses plus simplement.

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Charles Darwin (1809-1882) et l’évolutionnisme

 

Très tôt, Charles Darwin se signala par ses qualités d’observateur et sa passion pour la collection[1]. Élève très moyen, faisant même la honte de son père Robert Darwin[2], il ne dut sa réussite professionnelle qu’à ses qualités personnelles et à la rencontre avec le professeur Henslow, professeur de botanique à Cambridge, qui orienta de manière décisive sa carrière scientifique[3]. Ce qui devait marquer le jeune étudiant était sa « vaste connaissance en botanique, entomologie, chimie, minéralogie et géologie », mais également, et peut-être davantage encore, le fait qu’« il aimait par-dessus tout tirer des conclusions à partir d’observations minutieuses étalées sur une longue période de temps. »[4] C’est de la même manière que procèdera Charles Darwin dans ses propres recherches. En outre, c’est le Pr Henslow qui l’informa que «le capitaine FitzRoy souhaitait céder une partie de sa propre cabine à un jeune volontaire désireux de participer, comme naturaliste et sans traitement, au voyage du Beagle »[5] du 27 décembre 1831 au 2 octobre 1836. Il fut donc à l’origine de l’expédition autour du monde qui devait être décisive dans la future carrière scientifique du jeune chercheur et devait faire de lui le père de la théorie de « l’évolution des espèces » et de « la sélection naturelle. »

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            Lorsqu'il perçut la présence de l'homme, le chevreuil se figea aussitôt. Trop tard! La flèche l'atteignit en pleine poitrine, produisant un son mat. L'animal vacilla un instant, comme s'il tentait de rétablir son équilibre, mais ses pattes se dérobèrent. Étendu sur le sol, quelques soubresauts l'agitèrent, avant l'immobilité définitive.

Le chasseur, s'approcha d'un pas silencieux. Puis, un genou en terre, il s'inclina sur sa proie, tendit le bras jusqu'à toucher les poils drus. Alors, il prononça les paroles rituelles « Pardonne-moi de t'enlever ainsi à la vie. Mais, les miens ont besoin de viande pour éloigner la maladie et la mort ».

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    Solidement installé dans ce XIXème siècle autoritaire, l'honnête homme évoluait avec arrogance, parce que sûr de ses droits. Évidemment, il dirigeait sa famille avec une poigne de fer. Chez lui, régnaient la discipline, les « bonnes manières », le respect des lois et des commandements religieux. Bien entendu, son épouse se conformait à la condition sociale imposée aux femmes. Aussi la voyait-on cultiver ces vertus de la féminité d'alors: obéissance, humilité, discrétion.

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         L'hôtel Fairmont étale son grand luxe sur les hauteurs de San Francisco. Un cadre prestigieux, dans lequel se déroula, en septembre 1995, une conférence particulièrement discrète. Derrière ces murs, s'étaient rassemblées les 500 plus grandes sommités internationales, provenant d'horizons très divers.

Le monde politique se voyait largement représenté. Et quelques tribuns-vedettes tels Margaret Tatcher, George Bush père, Mikhaïl Gorbatchev, attiraient tous les regards. Mais la finance, la science, les multinationales, l'industrie, présentaient aussi nombre de célébrités.

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En 1099 de notre ère, Godefroy de Bouillon et ses croisés perçaient les défenses de Jérusalem. Dès cet instant, commençait le martyre de la ville. En quelques jours, la chasse aux « païens » fit périr 60.000 hommes, femmes, enfants. Selon les chroniqueurs médiévaux, les égorgeurs chrétiens pataugeaient dans le sang, parfois répandu jusqu'au niveau des chevilles! Lorsque ce massacre prit fin, les « combattants de la vraie foi » entonnèrent des cantiques. Ils louaient ainsi la bonté de leur dieu, le remerciaient pour une si totale victoire. L'amour évangélique prôné par Jésus-Christ, accouchait d'un carnage!

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Quoi de plus instructif que de consulter les offres d'emploi. Quoi de plus étonnant aussi! Le néophyte qui parcourt ces propositions d'embauche insérées dans nos journaux, ne manque guère de surprises. Dans les pages spécialisées s'étalent ainsi maints placards réclamant des battants, des vainqueurs, des combatifs, des ceux-qui-en-veulent, des ceux-qui-ignorent-la-défaite, des ceux-quichaque-jour-veulent-relever-un-défi, ...
S'agit-il, par le biais de telles annonces, de recruter des paras, des commandos, des baroudeurs pour quelque expédition militaire? Que nenni! Le lecteur attentif de cette prose martiale, constate très vite que les guerriers sollicités ne doivent nullement se présenter comme experts en grenades ou mitrailleuses. Ce n'est pas à Rambo que l'on propose un job, mais bien aux financial controler, full supervisor, project analyst, district sales manager, product engineer, data base administrator et autres account executive.
On recherche ici des spécialistes en belligérance boutiquière, des gradés prompts à mener leurs escouades à l'assaut du Marché. Car, pour ceux qui l'ignorent encore, nous sommes en guerre. Et celle-ci est économique autant que planétaire.

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            C'est un vieux sage qui m'avait raconté la fable. En ce temps-là, me disait-il, il y a très, très longtemps, le corps humain fonctionnait particulièrement mal. Certains de ses éléments voulaient imposer leur loi à l'ensemble. Et, pour régner tel un souverain sur ses sujets, chaque organe vital vantait ses mérites propres. Il fallait convaincre, afin de rallier une majorité à sa cause.

            Le cerveau bien sûr, possédait de bons arguments à faire valoir:
 
-  « Ces querelles pour l'hégémonie sont ridicules. C'est moi le chef, et ceci apparaît comme l'évidence même. Je pense pour vous tous, je ... » 

Il fut brusquement interrompu dans sa plaidoirie. Le cœur ne pouvait se retenir davantage, et criait à présent son indignation:

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C'est en Angleterre que se développa une pensée des plus originales, mais aussi des plus funestes pour l'appréhension totale et intégrale de l'existence humaine. L'ensemble de la pensée occidentale en sera marquée à jamais jusqu'à nos jours où l'on assiste à une véritable britanisation de la pensée à l'échelle planétaire.

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§ Face au défi des biotechnologies, votre collectif prétend se soucier de l’homme dans sa globalité. Cependant, vous vous opposez au transhumanisme et à la pensée matérialiste. C’est donc que vous croyez à quelque transcendance. C’est pourquoi votre démarche s’en trouve singulièrement orientée.

O Notre groupe envisage l’homme sous ses multiples aspects. Le phénomène religieux fait évidemment partie de cette recherche. Il convient donc de s’interroger, entre autre, sur la compatibilité entre la foi et ces nouvelles sciences du vivant.

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Une naïveté certaine me fait adhérer aux théories simples. Par exemple, il me semble que la vie favorise la diversité des êtres vivants. Et, que l'espèce humaine cultive en son sein cette profusion de formes. Je veux dire ici qu'il m'arrive de rencontrer des gens peureux comme les lapins, rusés comme les renards, méchants comme les teignes. Mais, surtout, je constate que l'on peut départager sommairement les humains en trois grandes entités distinctes: les « bêtes de troupeau », les « animaux de meute », les « félins singuliers »

Toujours aussi simpliste dans mes observations, je m'aperçois que la plupart des groupes sociaux qui se sont constitués jusqu'à présent, ont pratiqué l'élevage intensif de la première catégorie. On trouve en effet, une majorité de bêlants, en tous lieux, en tous temps.

Bien heureusement, ma modeste démarche empirique se trouve confortée par la recherche universitaire. Ainsi, dès 1960, l'expérience de Milgram nous apprenait que la majorité des individus se soumet sans réserve au pouvoir. Un léger conditionnement suffit, pour obtenir une obéissance quasi totale.

Il semble que ce phénomène ne soit pas neuf. Déjà, en l'an 1550, et dans son Discours de la servitude volontaire, La Boétie s'étonnait d'une telle soumission du grand nombre.

Mon hypothèse semble donc pertinente: beaucoup d'humains apparemment raisonnables se conduisent en authentiques moutons.

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Nous terminions notre dernier article en nous demandant comment avait pu émerger, dans l’histoire de la pensée occidentale, le projet de « déconstruire » l’homme et, corrélativement, la volonté de le « reconstruire » par la technologie. Comment l’homme est-il devenu pour lui-même une simple « machine » dont la mécanique peut être réparée, voire, dans un avenir relativement proche, augmentée ? Comment la complexité de l’homme a-t-elle pu être à ce point réduite et simplifiée ? Et j’avançais l’hypothèse que l’origine de cette pensée se trouvait chez le philosophe René Descartes (1596-1650). C’est ce que je me propose de vérifier avec vous dans cet article.

Il est des évènements dans la vie d’un homme qui marque à jamais le cours de son histoire. Et lorsque ces évènements ont une portée collective, elle peut engendrer une révolution radicale du mode de pensée, signe avant-coureur d’une nouvelle ère culturelle. Tel fut certainement le cas de « l’affaire Galilée », ce scientifique italien condamné par le tribunal ecclésiastique de Rome en 1633 pour avoir ratifié empiriquement et mathématiquement le nouveau modèle cosmologique de Nicolas Copernic (1473-1543) : l’héliocentrisme. Cette révolution copernicienne destituait la Terre de sa position centrale dans l’Univers et remettait en cause la vérité des Saintes Écritures1 de même que le statut hégémonique de l’homme au sein de la Création : la Terre n’étant plus le « centre » de la Création, comment l’homme pouvait-il en être le « sommet », image et ressemblance de Dieu ?

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   L’idéologie transhumaniste progresse à une vitesse vertigineuse et fait des émules partout dans le monde, jusque parmi nos élites politiques (Jean-Luc Mélanchon en France, Zoltan Istvan, candidat transhumaniste à la dernière élection américaine), nos intellectuels philosophes (Luc Ferry) et scientifiques (Laurent Alexandre qui vient de se déclarer, en octobre dernier, favorable au transhumanisme). Il est assez déconcertant de constater combien toutes ces personnalités, au demeurant très intelligentes, décrivent avec une naïveté quasi désarmante les bienfaits de la convergence NBIC (la convergence des Nanotechnologies avec la Biologie, l’Informatique et les Sciences Cognitives qui devra permettre, à terme, de numériser l’ensemble du corps humain pour substituer au corps biologique, un corps numérique à l’individu et lui permettre de vivre indéfiniment en bonne santé).

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Comme nous l’avons compris des précédents articles, le transhumanisme se signale par une confiance singulière, une foi indéfectible, dans les vertus et la toute-puissance de la technologie. Rappelons-nous l’affirmation sans ambages de cet industriel retraité, rencontré en novembre dernier, lors du colloque « Transvision 2014 » à Paris : « On a déjà tout essayé dans l’histoire de l’humanité et tout a échoué : les religions, les philosophies, les politiques. Rien n’a pu empêcher les guerres et les injustices dans notre monde. Or nous avons la possibilité, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, de changer l’homme et d’être maître de notre destin ! » D’instrument d’exploitation du monde, dans une vision moderniste cartésienne, à un outil de transformation de l’Homme, dans une visée transhumaniste, la technologie est en passe de devenir, pour nombre de nos contemporains, l’unique voie de salut pour notre humanité en perdition, incapable de réfréner ses passions et de se hisser à la hauteur de ses prétentions, de ses idéaux. Pour éviter ce « clash » international inéluctable (politique, économique, social, environnemental), sans pour autant modifier notre être-au-monde consumériste, jouisseurs invétérés nous sommes prêts à opérer insidieusement la transition d’une « technophilie » vers une « technolâtrie ». Faisant fi du travail personnel lent et laborieux, inhérent à toute évolution psycho-spirituelle, nous sacrifions à la « Technique », sur l’Autel de la Science matérialiste, notre responsabilité dans la maitrise de soi et dans notre propre destinée. Ce fait radicalement neuf dans toute l’histoire de l’évolution humaine, où, de simple « moyen d’exploitation », la technique se mue en « idole » à laquelle nous sacrifions notre part d’Humanité la plus noble (le principe de responsabilité), augure d’un changement sociétal dans notre rapport à l’outil qu’il nous faut aujourd’hui interroger.

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Dans l’article précédent, nous avons considéré le rôle indéniable qu’a joué René Descartes dans la scission des Sciences et de la Théologie qui orienta tout le devenir de la pensée occidentale. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’une « révolution copernicienne » à l’endroit de la « pensée cartésienne », signifiant par là le tournant qu’opéra l’Occident, au XVIIème siècle, dans sa manière d’appréhender le monde. La nouveauté ne réside pas essentiellement dans l’utilisation de la rationalité elle-même, celle-ci existait déjà dans l’avènement de la philosophie grecque (le tournant socratique avec Platon) et chez des auteurs comme St Augustin ou St Thomas d’Aquin pour ne citer que les plus connus, mais dans l’utilisation inédite des mathématiques (la mesure et le calcul) jointe à la nécessité d’une expérience empirique pour appréhender les lois de la Nature. Pour la première fois dans l’histoire de la pensée, l’approche philosophique et métaphysique ne servait de rien dans la compréhension de la réalité matérielle. Néanmoins, dans le système méthodique développé par Descartes, comme nous l’avons vu, nos sens pouvant nous tromper (le doute hyperbolique), la réintégration d’une dimension métaphysique, le Dieu véridique et bon de la Révélation qui ne pouvait permettre que l’homme se trompât lorsqu’il cherchait à déchiffrer les vérités éternelles inscrites au cœur de la Nature, était nécessaire pour garantir la véracité de nos connaissances. En d’autres termes, une pensée cartésienne fidèle à son origine devrait reconnaitre une dimension transcendantale en l’homme qui fonde son acte de connaissance en vérité. En l’homme, une dimension « immatérielle » (la pensée) coexiste avec une dimension corporelle, matérielle (l’étendue). Un dualisme s’instaure et fonde la séparation entre ce qui est appréhendable par la mesure (l’étendue matérielle qu’étudient les Sciences) et ce qui l’est uniquement par la pensée (les vérités éternelles qu’étudie la Théologie). Ce dualisme, ou cette dichotomie des connaissances, va engendrer le problème central de la philosophie occidentale divisée à jamais entre deux réalités irréconciliables : la réalité matérielle, mécanique, et la réalité spirituelle, métaphysique, ou la Science et la Foi, pour le dire simplement. Avec Descartes, l’équilibre des périodes précédentes sera à jamais rompue, soit que l’on nie ou minimise les vérités scientifiques, soit que l’on fustige les discours théologiques. L’articulation entre les deux semble à jamais appartenir à un passé révolu, celui de l’enfance de l’humanité, le progrès de l’esprit humain ne pouvant que se départir d’une telle articulation magico-mythologique caractéristique du monde de l’enfant. La période actuelle, qui s’oriente résolument vers le transhumanisme, en est incontestablement le résultat le plus abouti.

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Remontant aux sources du Transhumanisme, nous avions rencontré le jeune philosophe et théologien italien, Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), dont l’entreprise philosophique et théologique visait à concilier le Platonisme à l’Aristotélisme, le Thomisme au Scotisme, dans une unité transcendantale divine. Sa nouveauté résidait en outre dans un déplacement majeur et irréversible qui allait marquer à jamais la pensée occidentale dans ce qui deviendra « l’Humanisme » de la Renaissance. Avec ce jeune penseur, nous quittons résolument le théocentrisme médiéval en faveur d’un anthropocentrisme qui façonne aujourd’hui encore nos modes de penser. Fondé sur le libre arbitre de l’homme dont l’essence est d’être toute chose, un indéterminé ontologique, l’homme peut par sa seule volonté, ou décision personnelle, s’autodéterminer par l’orientation et le choix de sa propre destinée. Mais alors que la pensée théologico-métaphysique est toujours au fondement de la construction du savoir, les philosophies du XVIIème siècle auront ceci en commun qu’elles seront « unies presque toutes par la conscience de devoir chercher et fonder (…) une nouvelle méthode qui fournisse un instrument approprié pour la destruction de la méthode et de l’orbis aristotéliciens. »1 L’origine de cette volonté est sans conteste à chercher du côté des découvertes médicales, chimiques et astronomiques qui préparent l’avènement de la révolution scientifique en problématisant radicalement les certitudes anciennes. Mais c’est chez Francis Bacon (1561-1626), philosophe anglais, que nous rencontrons une volonté aboutie de purgation des connaissances précédentes, grevées d’abstraction et de dogmatisme, par une vérification expérimentale des donnés de la nature. Bacon n’aura de cesse de réhabiliter cette connaissance, contre les théologiens qui y voyaient la résurgence du péché originel, celui d’un savoir qui enfle et nous coupe de Dieu, affirmant qu’il s’agit là d’une Volonté divine, ne s’opposant en rien à la foi révélée2. Le progrès du savoir se fait alors promotion d’une nouvelle méthode pour la connaissance de la Nature, celle des sciences expérimentales, qui n’exclue en rien le discours théologique. Il s’agit en définitive, dans le chef de Bacon, de délimiter les domaines de connaissance sans les opposer, mais en visant une collaboration, ou une écoute réciproque et respectueuse, dans la construction d’un savoir global.

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