□ Bonjour à vous !
■ Bonjour ! Et bienvenue dans cet abri pour navetteurs ; là où nous tentons parfois de refaire le monde, en attendant que vienne un bus.
□ Oui, et vos derniers propos vantaient ces abstentions qui condamnent l'actuel processus électoral. Aussi, je crains fort de vous décevoir aujourd'hui. Car lors de ces récentes élections, j'ai voté pour mon beau-frère. Lequel se présentait sur une liste réclamant la suppression de notre démocratie représentative. Ceci afin d'élire d'illustres inconnus, désignés par simple tirage au sort.
■ Certes, j'apprécie ce beau geste de solidarité familiale. De même, je souscris pleinement à pareille volonté d'établir une réelle souveraineté du peuple. Cependant, je dois quand même vous signaler l'incohérence du procédé. De fait, aspirer ainsi au pouvoir politique, revient en finale à conforter un système que votre beau-frère prétend vouloir éliminer !
□ Je ne vous suis pas très bien ...
■ Il semble pourtant évident qu'en lançant : « Votez pour moi ! » on diffuse un message à l'attention du grand public. Et que pareille propagande sous-entend ceci : « Si ma liste gagne ces élections, nous irons tous vers un mieux ». Or, une telle assertion est mensonge. Car ce sont des organismes internationaux qui dirigent nos vies. Ne nous reste donc que le boycott abstentionniste.
□ De toute façon, le parti de mon beau-frère n'a récolté que 0,5% des voix exprimées.
■ Même si ce petit parti politique obtenait dix fois plus de votes en sa faveur, il n'aurait aucun avenir ! Car semblables modestes entités politiques comportent certes quelques idéalistes sincères, mais elles attirent aussi de nombreux suiveurs. Et, nettement plus grave, s'y trouve également beaucoup de pernicieux opportunistes.
□ Je ne vois pas comment l'une ou l'autre sorte d'ambitieux pourrait compromettre l'émergence d'un nouveau projet de société !?
■ Aujourd'hui, le système encourage chacun à jouer des coudes pour se mettre en avant. Or, quand certains politiciens, néophytes mais arrivistes, gagnent en popularité, ils intéressent les grandes factions politiques adverses. Celles-ci leur font aussitôt des propositions alléchantes auxquelles peu résistent. Alors, amputées ainsi de leurs « ténors », ces formations minuscules ne feront plus recette.
□ Là, je ne suis absolument pas d'accord avec vous ! Parce que je constate qu'une très petite mouvance politique a progressivement séduit une grande partie de l'électorat. Ce qui lui a permit de participer à des gouvernements de coalition. Et je pense ici aux écologistes. Lesquels ont effectivement été mis au pouvoir dans certains pays européens.
■ De fait, il a fallu plusieurs décennies avant que les verts ne soient pris au sérieux. Et maintenant les journaux parlent d'eux avec respect, et on les invite sur les plateaux des télévisions. Mais tout cela parce que leur discours se focalise désormais sur le réchauffement climatique. Dès lors, ces anciens adversaires du système deviennent pour ce dernier des alliés qu'il convient de promouvoir.
□ Vous pensez donc que le capitalisme s'appuie à présent sur l'inquiétude suscitée par l'actuelle hausse des températures !?
■ Je pense qu'il s'agit ici d'un vieux truc employé par le pouvoir. Soit répandre d'abord la peur, en exagérant un danger qui serait imminent. Pour ensuite rassurer la population, en lui proposant une sauvegarde. Laquelle, en finale, renforce surtout la toute-puissance des dominants.
□ Vous n'allez quand même pas nier le péril que représente ce réchauffement du climat !? Regardez donc ce qui vient de se passer en Espagne ! Là-bas, les inondations ont causé plus de 200 morts !
■ En 1926, tout le centre de la ville de Liège était sous eau. Et, à certains endroits, le niveau de l'inondation dépassait 5 mètres ! Pire encore, en 1953, un raz-de-marée a ravagé les côtes belges, anglaises, hollandaises. Or, ce désastre a causé la mort de 2.500 personnes ! Aussi, désigner le réchauffement climatique comme seul responsable de tout fléau d'importance, me parait abusif.
□ Faites attention, car en rejetant pareille vérité vous jeter le discrédit sur les scientifiques qui recommandent d'atténuer nos émissions de gaz nocifs. Par conséquent, vous allez perturber vos concitoyens, ébranler la confiance qu'ils accordent aux autorités, les inciter à refuser des mesures qui pourraient leur être salutaires ! Dès lors, il serait très facile de vous taxer d'incivisme !
■ La science authentique prospère grâce au doute. Aussi dois-je encore vous dire que l'on peut manipuler le climat par la géo-ingénierie. On fait ainsi pleuvoir à volonté, en arrosant des nuages avec de l'iodure d'argent. Le problème consiste alors à bien doser les quantités, tout en évitant les vents contraires. Le Maroc s'y essaye constamment. Or, ce pays est situé près de l'Espagne ...
□ Je me souviens de nos conversations animées, lors de la crise sanitaire. A ce moment-là, vous contestiez le bien-fondé de l'option vaccinale, pourtant préconisée par nombre d'éminents médecins et professeurs. Et, je fais le parallèle avec vos paroles d'aujourd'hui. C'est pourquoi, je ne comprends pas un tel acharnement à contredire tout ce qu'affirment les plus grands spécialistes.
■ Pour répondre à votre « constat », je vous parlerai de Darwin, de sa théorie évolutionniste. Parce que cette dernière se voit régulièrement contestée par quantités de savants reconnus. Toutefois, malgré cette sérieuse controverse, pareil concept bancal est encore enseigné dans nos écoles !
□ Là, cela ne m'étonne pas du tout que vous vous attaquiez maintenant à Darwin ...
■ Hitler par contre, n'a pas attaqué les ouvrages de Darwin, mais s'en est abondement servi ! Les nazis ont ainsi affirmé que la nature favorise les êtres forts. Seuls ceux-ci méritent de survivre. Quant aux faibles, leur destin serait de périr. Et les protéger bafouerait l'ordre voulu par la biologie. Dès lors, l'avenir d'un peuple dépendra de son obéissance à semblable « loi scientifique ».
□ Je trouve que vous prenez un formidable raccourci, pour exprimer une douteuse critique de la théorie darwinienne. Alors que cette dernière est d'autant plus remarquable qu'elle a nécessité d'innombrables observations et recherches.
■ Je veux simplement attirer votre attention. Vous montrer comment certaines théories, apparemment inoffensives et neutres, peuvent générer des mesures liberticides, parviennent à se transformer en projets politiques totalitaires.
□ En tous cas, moi, je crois à la science, en sa capacité d'améliorer notre condition humaine !
■ Mais moi aussi j'y crois ! Et c'est bien pourquoi je m'oppose à son dévoiement. Car le rôle de la science consiste à dire le vrai, et non à prêter main-forte au pouvoir. Elle n'a donc pas à sortir de son domaine propre, pour investir celui réservé à la politique.
□ Je ne vais guère me tourmenter parce que la science outrepasse quelque peu ses compétences. D'autant que, les idéologies, je n'en veux pas ! L'idéologie, politique ou autre, très peu pour moi!
■ Ceci, je l'entends très fréquemment. Et vous démontrez par là que vous êtes homme parfaitement intégré à son époque. Car maintenant, la plupart des gens ne croient plus à grand-chose. Et, en dehors de leurs petits problèmes, rien ne semble les émouvoir.
□ Eh bien, tant mieux ! Qu'on en finisse une bonne fois pour toutes avec ces rêves se terminant par « isme » : communisme, socialisme, anarchisme, etc ...
■ Mondialisme, scientisme, conformisme, sont également des mots s'achevant en « isme » . Pourtant, vous les acceptez, dans une complète indifférence. Par contre, ce sont nos convictions qui, aujourd'hui, rejettent cette sorte de passivité générale. Laquelle, caractérise aussi les grenouilles.
□ Je n'ai pas le sentiment de me comporter telle une grenouille !
■ Plongez une grenouille dans un récipient rempli d'eau. Puis allumez sous ce dernier un puissant chauffage. Ensuite, patientez. Vous constaterez alors la mort de ce petit batracien, proprement ébouillanté. Or, si celui-ci avait été conscient de cette situation se dégradant au fil du temps, il aurait aussitôt bondi hors de ce piège mortel.
□ Si je vous comprends bien, nous serions tous entraînés dans une telle progression malfaisante !?
■ Oui. Et, pour reprendre la métaphore, disons qu'une seule goutte d'eau froide chutant sur la tête de cette grenouille aurait peut-être suffit, par comparaison, à l'avertir du danger encouru. D'où l'importance, pour l'être humain, d'avoir un minimum de convictions. Car celles-ci lui octroient une lucidité particulière. Laquelle détecte ces subtiles injonctions façonnant à présent notre quotidien.
□ Vous négligez ici ce que l'Histoire nous enseigne. A savoir que les plus grands massacres ont été perpétrés par des gens imprégnés de solides convictions. Et, à cet égard, le nazisme est un très bel exemple de croyances justifiant les pires carnages.
■ C'est vrai. Naguère le pouvoir avait besoin d'un grand récit, d'une idée mobilisatrice rassemblant les foules. Or, de nos jours, le but n'est plus d'unir mais d'isoler, d'en finir avec une solidarité propice aux oppositions. Et cette stratégie, s'accomplit en propageant sournoisement un mode de vie favorisant l'égoïsme. Dès lors, chacun se croit tout-à-fait libre, mais évolue dans un enclos mental.
□ Ce que vous affirmez me semble terriblement pessimiste. Parce que notre système démocratique actuel, permet à chacun de s'informer. Puis, grâce à cela, de peser quelque peu sur les choix nécessaires au bien-être général.
■ De par l'absence d'idéaux politiques, philosophiques, religieux, le pouvoir n'a plus d'adversaires à sa taille. Aussi provoque-t-il, en toute quiétude, des terreurs sanitaires et climatiques, pour s'enrichir, se renforcer. Et semblable tactique, s'adosse à des scientifiques sélectionnés et des médias aux ordres. Soit de précieux auxiliaires pour « en haut », qui étouffent maintes vérités dérangeantes.
□ Comme à chacune de nos rencontres, j'estime subir ici un véritable déferlement de concepts qui me sont étrangers. Il me faudra donc un certain temps pour approfondir ceux-ci ...
■ Je comprends pareille saturation. Encore que j'aurais voulu vous parler de ces transhumanistes qui se servent de Darwin, et de leur partiale interprétation de « L'évolution des espèces ». Mais cela se fera une autre fois, d'autant que j'aperçois maintenant votre bus. Lequel vient vers nous à grande vitesse ...
Gablou